Le cinéma sud-coréen a traversé d’immenses défis et transformations au fil des décennies, émergeant comme une force culturelle influente sur la scène mondiale. Son parcours est marqué par l’évolution historique, les bouleversements politiques et les innovations artistiques qui ont défini cette industrie emblématique.

Les débuts et l’âge d’or du cinéma sud-coréen

Le cinéma sud-coréen a véritablement commencé à prendre forme à la fin de la période Joseon et durant l’Empire de Corée, avec l’ouverture des premières salles de cinéma comme le Théâtre Ae Kwan et le Dansungsa. Cependant, c’est après la libération du joug colonial japonais en 1945 que le cinéma sud-coréen a trouvé une nouvelle liberté d’expression. Des films comme Viva Freedom! (1946) ont capturé l’euphorie nationale de l’indépendance retrouvée, même si l’industrie a stagné durant la guerre de Corée (1950-1953).

La véritable renaissance est arrivée dans les années 1950, marquant le début de l’âge d’or du cinéma sud-coréen caractérisé par une explosion de productions. Le nombre de films est passé de 15 en 1954 à 111 en 1959, et des réalisateurs emblématiques comme Kim Ki-young avec son chef-d’œuvre La Servante (1960) et Yu Hyun-mok avec Obaltan (1961) ont défié les cadres traditionnels tout en naviguant à travers des défis tels que la censure gouvernementale.

Les années de censure et de propagande

Sous la présidence autoritaire de Park Chung Hee, le cinéma est devenu un outil de propagande où seules les œuvres jugées « idéologiquement saines » étaient autorisées à la sortie. La Korean Motion Picture Promotion Corporation, établie en 1973, avait pour but de soutenir l’industrie cinématographique, mais cet organisme servait surtout à renforcer la censure étatique. Des cinéastes comme Shin Sang-ok ont été interpellés et incarcérés pour avoir tenté de contourner ces restrictions strictes, et l’industrie cinématographique a connu une chute drastique de la fréquentation des salles.

Renaissance et globalisation

L’industrie a commencé à retrouver ses marques dans les années 1980 grâce à des réformes assouplissant la censure et le contrôle. La révision de la loi sur les films en 1984 a permis la production indépendante, marquant une nouvelle ère pour les cinéastes sud-coréens. Les films sud-coréens ont commencé à percer sur la scène internationale avec des œuvres comme Mandala (1981) d’Im Kwon-taek. En 1992, le chaebol Samsung a produit Marriage Story, ouvrant la voie à une méthodologie intégrée de financement, de production et de distribution de films.

La crise financière asiatique de 1997 a obligé les conglomérats à réduire leur implication dans le cinéma, mais ils avaient déjà institué des pratiques commerciales solides et avaient donné leur chance à de jeunes réalisateurs. C’est ainsi qu’est née la « Nouvelle Vague sud-coréenne » qui, depuis la fin des années 90, a lancé des blockbusters novateurs et des films de genre créatifs tels que Shiri (1999), Joint Security Area (2000) et My Sassy Girl (2001).

Le succès mondial de films comme Oldboy (2003) de Park Chan-wook et The Host (2006) de Bong Joon-ho a solidifié la réputation du cinéma sud-coréen sur la scène internationale. C’est cependant en 2019 que le cinéma sud-coréen a marqué l’histoire avec Parasite de Bong Joon-ho, qui est devenu le premier film sud-coréen à remporter la Palme d’Or au Festival de Cannes et à décrocher quatre Oscars, dont celui du Meilleur Film.

Les défis et les opportunités contemporains

Malgré ses succès retentissants, l’industrie du cinéma sud-coréen a traversé une période difficile en 2023. Prévue pour un rebond après les restrictions pandémiques, elle a été confrontée à une rude réalité : seulement six des plus de cent films sortis cette année ont réussi à couvrir leurs coûts de production. Les échecs retentissants de grandes productions, y compris The Moon et Road to Boston, ont révélé une crise profonde et systémique.

La montée en puissance des services de streaming, conjuguée à une hausse significative des prix des billets de cinéma, a contribué à cette situation. Un sondage du Chosun Ilbo en mai 2023 a montré que l’augmentation des prix des billets était le principal facteur dissuadant les spectateurs de visiter les salles de cinéma, avec une augmentation importante du prix des projections de 2D standard et des formats premium comme l’IMAX. Lors d’un voyage en Corée du Sud, cette dynamique peut être observée de manière encore plus prononcée.

Un rayon d’espoir et la voie de l’avenir

Malgré la crise, certains films ont réussi à capter l’attention du public, offrant une lueur d’espoir. 12.12: The Day, un drame politique relatant le coup d’État militaire de Chun Doo-hwan en 1979, a résonné avec les spectateurs, devenant le deuxième film de l’année à dépasser les 10 millions d’entrées. Des films originaux de taille moyenne, comme Smugglers et Sleep, ont également montré que des concepts fascinants pouvaient encore attirer et réussir, rappelant les débuts dynamiques de la Nouvelle Vague sud-coréenne.

Des experts du secteur ont souligné la nécessité pour l’industrie de se recentrer sur une production plus efficace et modeste. La transition vers des objectifs de production plus réalistes, engagée vers une diversification de contenu et une adaptation aux marchés actuellement en expansion, semble être cruciale pour la survie et la prospérité future de l’industrie.

L’histoire du cinéma sud-coréen est un témoignage de résilience, d’innovation et de créativité face aux adversités. De ses débuts modestes à son âge d’or, puis à une période de censure stricte et enfin à une transformation globale, le cinéma sud-coréen a démontré une capacité remarquable à se réinventer et à captiver les publics du monde entier. Aujourd’hui, le cinéma sud-coréen continue de se positionner comme une force dynamique et inspirante au sein du paysage culturel mondial, en relevant les défis contemporains et en exploitant les opportunités d’innovation offertes par les nouvelles technologies et les plateformes de diffusion.

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